Souvenirs souvenirs (libre =)

Mindy avait passé une nuit horrible. La jeune fille avait enchainé les cauchemars à propos de Pyrgus. Elle le voyait mourir de diverses façons dans chaque songe. A 3h37 du matin, le professeur de botanique, tourmentée par ses images décida de ne plus se laisser aller aux bras de Morphée, craignant de revoir son Amour subir une énième fois la fatalité du destin. Mindy savait très bien qu'il ne s'agissait que de chimères mais ces flashs lui rappelaient trop la triste réalité... Mindy s'était alors levée de son lit, s'était assise à son bureau et avait commencer à écrire une lettre à Pyrgus, même si elle savait que là où il était il ne la recevrait évidemment jamais... Mindy saisit la plume qu'elle avait déjà quand elle était à Poudlard, elle la trempa dans l'encrier et commença à tracer les premières lettres, la main tremblante.

"Pyrgus, mon amour...
Voilà déjà presque un an que tu m'as quittée, me laissant seule dans ce monde qui maintenant me semble si vide... Vois tu, je sais que tu aurais voulu que je garde le moral et que je sois forte, c'est pourquoi pour honorer ta mémoire, mon amour, j'ai continué... J'ai décroché mon diplôme et je suis aujourd'hui professeur de botanique à Poudlard... Poudlard, c'est là bas que nous nous sommes rencontrés... T'en souviens tu? En tout cas, ce doux souvenir restera à jamais gravé en moi...

Comme je te disais je suis donc devenue professeur, tu vois, comme d'habitude tu avais raison, j'ai réussi à me faire ma petite place dans le domaine que je souhaitais.Aujourd'hui mon principal objectif est d'être une bonne enseignante et de communiquer ma passion aux élèves de Poudlard. Tu sais, ça me fait bizarre de me retrouver du côté du professeur, mais c'est tellement gratifiant tout de même!

Pyrgus, mon Pyrgus, je dois arrêter de t'écrire maintenant, je sens que les larmes me montent aux yeux... J'espère que d'où tu es tu veilles encore sur moi et surtout que tu es fière de ce que j'entreprends, car crois moi, sans toi c'est très difficile...

Cette lettre, tu ne pourras pas la lire, mais j'irai la jeter dans l'eau du lac, là où nous avons passé tellement de temps ensemble.
Je t'aime
Mindy"

Mindy contempla cette courte lettre et essuya d'un revers de manche une larme qui perlait au coin de son oeil. Elle se leva et resta un instant devant sa fenêtre qui donnait sur le lac de l'école. Le ciel était sombre mais on pouvait voir néanmoins au loin des rayons rougeatres qui teintaient l'immensité noire. Mindy soupira et sourit amèrement. La sorcière marcha jusqu'à son armoire, sortit un jean et un chemisier blanc puis se couvrit de sa cape de sorcier noire. Ensuite Mindy plia soigneusement la lettre, la cacheta et la glissa dans sa poche. La sorcière était prête, mais elle n'avait pas envie de sortir. Elle revint donc sur ses pas et s'assit sur son lit. Son regard se perdit sur la flamme de la chandelle qui brûlait sur son bureau. Les minutes défilèrent ainsi... Puis Mindy commença à avoir mal aux yeux alors elle se leva et d'un pas décidé sortit de ses appartements.

Elle traversa tout le château. Il faisait sombre et l'air était frais. Puis arrivée dans l'entrée, elle ouvrit la porte principale dans un grincement qui aurait perturbé le sommeil des morts. Mindy se dirigeait alors silencieusement vers le lac qui lui apparaissait noir comme l'ébène. Mindy pouvait sentir l'odeur de la rosée, ce qui redonna à la jeune femme un peu de baume au coeur. Quand elle fut arrivée au bord de l'eau, Mindy huma l'air humide et alors qu'un léger vent faisait voleter ses cheveux, elle sortit la lettre et la plaqua contre elle. Mindy ferma les yeux.

Début du flash back

Il faisait beau ce jour là. Le soleil brillait tellement et la chaleur était si étouffante que Mindy et Pyrgus s'étaient rendus au bord du lac pour se rafraîchir. Plusieurs élèves avaient fait de même, d'autres s'étaient mis à la lisière de la forêt interdite, mais une seule chose occupait les esprits : les examens.

Mindy et Pyrgus, eux, se refusaient catégoriquement d'aborder ce sujet, préférant parler de leurs projets pour l'été et d'autres choses tout à fait futiles. C'était là la belle époque...
Les deux adolescents étaient allongés l'un contre l'autre sur le côté, .

Pyrgus : "tu te rends compte, l'an prochain on sera séparés, j'irai faire mes études si loin..."

Mindy : "Chut... Même si nous sommes séparés deux petites années... Notre amitié perdurera...[/u] avait dit Mindy tout en souriant.
En effet Mindy et Pyrgus n'étaient à l'époque que des amis à cause de diverses diputes en relation avec une autre personne.

Fin du flash back

"J'aurais voulu pouvoir tenir cette promesse Pyrgus... J'étais bien naive... Je suis désolée..." murmura Mindy.

Soudain la sorcière entendit un bruit de claquement tout près d'elle, surprise, elle tourna brusquement la tête pour voir de qui il s'agissait.

Le quotidien des gardes chasse successifs de Poudlard n’avait rien d’exceptionnel. Contraints à la tâche, ils usaient toutes leurs forces dans un perpétuel recommencement. Il y avait certainement de quoi devenir fou… du moins pur un être normalement constitué. Mais, après être passé par des jours et des jours d’inactivité, vite transformés en années de léthargie, les yeux plantés sur un mur de pierres griffées, Ahren Übermülhen avait appris à apprécier ses nouvelles obligations, car porteuses d’un semblant d’utilité. Utilité qui fait tout.
C’est donc avec un entrain relatif que le jeune homme s’était adonné toute la journée à la taille des joncs entourant le lac de Poudlard. Certes, en maigre quantité, ils dotaient les lieux d’un charme certain. Mais, s’ils proliféraient trop, toute forme de vie marine pouvait disparaître, car privée de lumière naturelle par ces immenses troncs. A long terme, ce serait donc le contenu des cours de soins aux créatures magiques, et par voie de conséquences, celui des cours de botanique, qui seraient mis en jeu. Le garde chasse ne pouvait pas se permettre une telle négligence, qui lui vaudrait certainement un renvoi immédiat, vous vous doutez bien où. Les heures s’étaient enchaînées, égales les unes aux autres, et une quantité sans cesse croissantes de griffures avait fait son apparition sur les membres endoloris de notre intéressé. Peu importait, il avait le temps.

Toutefois, le jour déclinant de plus en plus, Ahren avait décidé de prendre une pause thé (autant préciser que le terme est générique, et que la mixture fabriquée artisanalement par notre garde chasse possède des vertus fort douteuses), et s’était enfermé dans sa cahute de fonction. Nul individu ne l’avait troublé dans son ouvrage, et il en était ravi. Rien de mieux que la solitude perpétuelle pour exorciser des années de bagne, pensait Ahren. Etait-ce à juste titre ? La question resterait sans réponse. Petit à petit, l’animation de l’école s’était éteinte, et seules quelques fenêtres haut perchées avaient encore joui du privilège d’émettre une lumière. La nuit venait de tomber. C’est dans le silence et la confidentialité des broussailles que le jeune homme terminerait sa coupe.

Il y était attelé depuis près d’une heure, lorsqu’un mouvement suspect se fit entendre, à quelques pas seulement. Tout être normalement constitué aurait alors pensé qu’il s’agissait d’une créature de la forêt interdite, assez téméraire pour oser s’aventurer à la lisière extrême de son domaine. Dans une telle situation, il revenait au garde chasse de faire fuir l’animal, en employant tous les moyens qui lui étaient offerts. Réjouissant…
Posant sa faux au sol, Ahren finit par lever les yeux au ciel, dans un geste de pure lassitude, avant de dégainer sa baguette et d’émerger des broussailles. A l’horizon, rien de suspect, mais une forme visiblement accroupie en bordure du lac. Avec sûreté, Ahren pointa sa baguette sur la forme, et s’avança rapidement, prêt à prononcer la formule du sort qui ferait à coup sûr fuir l’intru…

Lumos !

Et là, c’est le drame. La créature était bel et bien un animal. Seulement… il s’agissait d’un humanoïde, à la chevelure blonde qui plus est. Chevelure qui rappelait vaguement au garde chasse l’un des professeurs qu’il avait eu le loisir d’apercevoir de loin, lors de l’une des multiples excursions scolaires dans le parc. Génial pour son matricule. Confus et vexé d’être pris en flagrant délit de myopie naissante, Ahren soupira bruyamment, et baissa légèrement sa baguette, avant de repousser le halot hirsute de ses cheveux et de prendre la parole, emplie de reproches informulés.

« Imaginons un instant que je n’aie pas pris le temps de vous éclairer. Peut être que votre sortie nocturne se serait très mal finie, et ma carrière de garde chasse aussi, par la même occasion. Quelle justification avez vous à donner, pour illustrer votre simple oubli d’identification ? »

Regard de braise, mais rictus en coin. Un rictus d’amusement, oui. Etrange comme le condamné passait tout à coup de l’autre côté du rivage, devenant de ce fait le juge. Ce n’était ni jouissif, ni agréable. C’était protocolaire, en un mot. Les responsabilités emmènent souvent à l’implacabilité, même si elle va au contraire des idéaux personnels…

Mindy était donc restée un long moment face au lac noir de l'école. Il faisait nuit noire, c'est pourquoi la sorcière ne pouvait absolument rien voir... Ces sens étaient toutefois en alerte car elle savait qu'elle se trouvait près de la forêt interdite et que par de telles circonstances, celle-ci était encore plus dangereuse. Mindy n'était cependant pas irresponsable, elle avait sa baguette dans sa poche et pourrait à n'importe quel instant la sortir à une vitesse fulgurante.
Mindy s'accroupit au bord de l'eau alors qu'elle commençait à sentir des crampes envahir chaque muscle de ses jambes et regarda au loin. La sorcière n'avait jamais été croyante, mais on aurait pu croire dans cette position qu'elle priait une quelconque divinité... Peut être était-ce en fin de compte le cas... Peut être cet appel à Pyrgus pouvait-il être considéré comme une foi en l'Amour...Tout cela semblait bien compliqué... Non. En fait c'était la nature humaine qui était parfois difficile à comprendre.
Le professeur de botanique était en train de vivre alors un de ces moments uniques de la vie qui nous aident à avancer, à faire le point... La jeune femme se sentait très bizarre, en effet une multitude de sentiments tout à fait différents se bousculaient en elle... Comme si elle était une et à la fois divisée...

La pensée, le deux-en-un du dialogue silencieux, actualise la différence au sein de notre identité

Soudain, Mindy entendit un bruit venant de derrière elle, alors par précaution, tout en gardant sa position, elle mit sa main dans sa poche et saisit sa baguette. Qu'était ce? A cette heure si tardive, cela pouvait-il être une personne? Un animal? Mindy sentit une petite apréhension l'envahir, mais elle savait qu'elle devait garder son sang froid pour pouvoir être efficace au cas où... Le son s'intensifia un peu plus, alors cette fois ci elle se retourna et aperçut dans la pénombre la silhouette d'un homme. Elle avait du mal à voir de qui il s'agissait... Mais en revanche elle savait qu'il était en train de l'épier.

Mindy était toujours un peu méfiante, alors tout en se relevant tranquillement, elle serra plus fermement sa baguette et elle plissa les yeux pour tenter de percevoir plus précisément les traits de son visage. Evidemment ceci était en vain... Jusqu'au moment où une voix grave murmura un sortilège, ce qui eut pour effet d'illuminer le jeune homme. Les yeux du professeur de botanique s'étaient peu à peu habitués au noir, c'est pourquoi Mindy fut obligée de se cacher les yeux avec la main. Elle resta silencieuse, la mine impassible.

Jeune homme : « Imaginons un instant que je n’aie pas pris le temps de vous éclairer. Peut être que votre sortie nocturne se serait très mal finie, et ma carrière de garde chasse aussi, par la même occasion. Quelle justification avez vous à donner, pour illustrer votre simple oubli d’identification ? »

Mindy le regarda avec des yeux ronds, la peur s'effaça alors elle lacha sa baguette et se passa maladroitement les doigts dans les cheveux. Elle se sentait tellement soulagée. Il ne s'agissait que du garde chasse... C'était un homme à l'allure très étrange, le mot effrayante était pour ainsi dire même de mise... De longs cheveux d'un noir d'ébène et très peu entretenus tombaient négligemment sur un visage blanc aux traits fatigués. Les mèches brunes cachaient ça et là son regard, mais Mindy parvint à distinguer les deux iris noirs brillants qui la fixaient avec une certaine jouissance, un méchant plaisir non caché... Mindy se sentit offensée, alors elle fronça les sourcils et s'appréta à répliquer de façon tout aussi froide, mais elle inspira calmement et tenta tant bien que mal de garder son calme.

"Je n'ai aucune justification à vous fournir au sujet de ma présence en ce lieu... C'est une affaire tout à fait personnelle, ce qui ne vous regarde logiquement pas... Je sais très bien que le fait d'être aussi près de la forêt en pleine nuit représente un certain danger, mais je sais aussi me défendre, en cela ce n'est pas la peine de craindre pour votre emploi ici... Et puis en tant que professeur de botanique je risquerai tout autant ma place... Je n'ai pas envie de la perdre alors je ne ferai rien qui puisse y nuire..."

Le garde chasse avait-il conscience de ce que représentait cette intrusion pour Mindy? Pour elle, c'était exactement comme s'il l'avait dérangé en plein deuil... C'était un instant si solennel, si intime... Il s'était maintenant envolé...