Singing in the Rain - PV

- En espérant que ça t'plaise, chef. =) -

Kimberly Key Lockhailn réalisa que sa journée était définitivement foutue au moment précis où elle entama le cornet de sa glace trois boules vanille-caramel-nougat, agrémentée d'une bonne dose de chantilly et saupoudrée d'éclats d'amande. Elle était assise à la terrasse d'un café, et observait passivement l'incessant défilé des Moldus. Elle-même était pour ainsi dire déguisée en Moldue : débardeur rayé, veste blanche, jean bien coupé, et même les véritables suglasses qui lui faisaient une vraie tête de mouche - mais non, c'était pour conserver l'incomparable mystère qui entourait toute vraie "femme du monde". Elle avait croisé les jambes, innocemment, tout simplement parce qu'elle avait horreur de ne rien faire avec ; cela dit, en croisant le regard suggestif du barman, elle les avait décroisées aussi sec. Lequel barman, d'ailleurs, arborait l'une de ces ignobles chemises pseudo-hawaïennes ouverte sur son torse glabre. La jeune femme était prête à parier qu'il l'avait choisie exprès une taille en dessous pour faire croire que seule la puissance de ses muscles saillants tendait ainsi le tissu sur sa poitrine. Hum hum. Il avait seulement un bon bidon de buveur de bière. Vaguement amusée, elle esquissa un sourire sarcastique, que l'imbécile comprit visiblement mal puisqu'il lui adressa un clin d'oeil. Soupir. Crève, sale mâle. La Langue-de-Plomb était en congé, et, pour une fois, elle était sortie de son immense appartement donnant sur la Tamise. La vue de ces eaux sales charriant sans cesse plus d'ordures l'avait déprimée, et ses pas - ainsi que son transplanage - l'avaient conduite ici, naturellement. Car elle connaissait le coin. Elle se rappelait être venue là, autrefois, en compagnie de sa mère, et de Carrie. Le soleil alors éclatant rendait les rires plus cristallins encore et les cheveux fins des enfants davantage blonds. C'était l'époque où elles étaient heureuses, encore. Où sa soeur n'avait pas été victime de l'autre salaud.

Donc, Kimberly Key Lockhailn réalisa que sa journée était définitivement foutue au moment précis où elle entama le cornet de sa glace trois boules vanille-caramel-nougat, agrémentée d'une bonne dose de chantilly et saupoudrée d'éclats d'amande. Au moment précis où la première goutte s'écrasa mollement sur le parasol blanc et rouge au-dessus de sa tête, précedant une pluie diluvienne. Dès lors, tout alla très vite : les gens couraient dans tous les sens, les sandalettes claquaient sur le sol, les portes des maisons se fermaient. Et la jeune femme se retrouva rapidement toute seule au milieu de la terrasse blanche, son cornet plein de flotte à la main sous un ciel aussi gris que du goudron. Elle attrapa un parapluie, posé par miracle contre un mur, et l'ouvrit. Ses vêtements, ses cheveux : ça allait. Elle avait limité les dégâts. Passant sa grande main dans son épaisse tignasse blond-roux, elle commença à marcher dans l'allée de pins qui s'ouvrait juste devant elle. C'était comme si, en ce jour de début avril, une entité supérieure avait décidé de punir les êtres humains pour avoir osé se comporter comme en Eté. En Angleterre, il fait toujours un temps de chien, comme chacun sait. Et il ne fallait pas qu'un seul jour échappe à cette règle suprême.

Floc, Floc. Les bottines - Gucci, s'il vous plaît ! - de Kimberly étaient impitoyables avec les flaques d'eau, ou bien était-ce Kimberly qui était impitoyable avec ses bottes ; bref, en gros, la Langue-de-Plomb avait les pieds en plein dedans, et ne s'en souciait que vaguement. Comme d'habitude, elle tirait sur sa Lucky Strike avec bonheur, exhalant chaque bouffée avec retenue pour mieux en profiter. La fumée s'échappait de sous le parapluie vole, ou trouvé, comme vous voulez, et dessinait de délicates volutes en s'échappant vers le ciel déchiré. L'averse n'avait pas l'ait pressée de s'arrêter, tant mieux, finalement. C'était toujours un peu agaçant de devoir slalomer entre ces petites p*tes décolorées roulant du postérieur dans leurs bikinis à quatorze ans seulement et ces vieux mous qui se grattaient sans cesse le menton, ou le ventre, ou les couilles, et dont on se demandait pour finir s'ils avaient des puces. Pour le coup, l'ancienne Serdaigle se sentait bien, quoique un peu mélancolique. Elle ne pensait quasiment plus au boulot, seulement à elle, son parapluie et sa clope. Voilà tout ce à quoi s'était réduit son univers. Et la chose qui lui aurait vraiment tapé sur les nerfs, ç'aurait été de croiser sa directrice, Miss Daarling, avec deux "A" s'il vous plaît. Mais aucun risque après tout, n'est-ce pas ?

Hum.

« Des fois, on croit que la Vie est banale..

Sous ce temps plutôt ensoleillé, la jeune Hope Daarling rêvassait d’un monde semblable à celui d’Alice au pays des merveilles. Peut-être était-ce l’odeur de la barbe à papa qui faisait cela ou qu’elle léchait une sucette colorée de rose et de blanc. Le sucre était délicieux mais allait se déposer sur ses hanches bien malheureusement. Hope souriait, c’était le week-end de Pâques et le chocolat lui alléchait les narines comme une gamine. Mais elle se contentait de sa glace, ses Langues de Plomb lui tapait légèrement les nerfs et rien que d’y aller le Mardi suivant, elle s’en mordait les lèvres. Sa patience allait devenir de l’impatience et qu’est-ce qu’Hope pouvait être chiante quand elle était impatiente. Son monde il était très simple. De l’herbe au goût de pâte d’amande, un arbre dont l’écorce était au goût de chocolat et les feuilles à la menthe forte. L’eau était de la limonade à la couleur bleue transparente, ainsi que tout ce que constituait son Monde. La jeune Hope s’aventurait. Un pas. Deux pas. C’était simplement merveilleux et ce monde de gourmandise lui donnait envie de manger encore un peu plus sa sucette. Encore une petite dose de sucre. Encore une. Hope rouvrit les yeux et se servit en Coca-Cola Light pour ne pas prendre de poids se disait-elle mais rien que l’idée de boire du sucre, cela lui donnait envie d’en boire d’avance. N’était-ce pas spécial pour une jeune femme qui était de nature mince ? Cela ne donnait pas de réponse mais ce n’était qu’un constat. Ploc. Ploc.

Hope allait encore faire un pas de plus sur le chemin de pierre Smarties quand un bruit d’eau lui parvint et qui coupa son rêve plutôt charmant sans oser dire gourmand. Hope rouvrit les yeux, but une gorgée de Coca et pinça les lèvres. Elle n’aimait pas Londres pour la pluie, rien que pour ça mais en ce moment, la pluie n’arrêtait de surgir dans les mauvais moments. Les mauvais moments, il y en avait trop en ce moment. Hope prit son London Fog – étant un manteau Londonien très grand allant jusqu’aux pieds pour Hope et s’aventura dans Londres. Cela peut paraître étrange mais Hope allait marcher les temps de pluie pour sentir l’eau sale sur ses cheveux roux. Pas pour se punir mais pour se rafraîchir les idées, encore plus étrange parce que quand on parle « de se ressourcer les idées », on pense à une ballade en vélo en campagne ou une ballade en bord de mer. Pour Hope, c’était une ballade sous la pluie.

Les personnes dans les rues se faisaient rares mais Hope savait qu’elle allait croiser quelqu’un qu’elle connaissait. Un pressentiment. Son pull de couleur kaki lui tenait à cœur et ce jour-là, elle le portait. Il lui tenait chaud avec son manteau. Mais Hope ne montrait pas tellement ses sentiments. Elle parlait, parlait. Mais elle n’extériorisait pas tellement ses sentiments. Hope sourit à quelques personnes inconnues de sa vie. Une odeur de glace vint jusqu’à elle. Elle avait soif après s’être enfilé je ne sais combien de sucres en mangeant cette sucette et ce Coca-Cola Light sans sucres mais cela n’enlevait pas le goût du sucre toujours présent. En arrivant à un Carrefour, Hope tourna vers l’odeur de glace donc à droite et là elle tomba sur un Bar.

Un bar qui n’avait rien d’anormal comme cela. Mais le serveur avait un air vicieux qu’Hope essayait de croiser quand elle le pouvait. Une de ses Langues de Plomb était là, avachie sur une chaise avec une glace. Ca y est. Tout ce qu’elle n’avait pas voulu mais comment faire pour ne pas lui parler, il n’y avait aucune sortie de secours. Hope allait alors lui dire bonjour, poliment avec un sourire sans sentiment. Qu’allait-elle lui dire ensuite ? Il ne faudra pas que cela concerne le travail. Si Mademoiselle Lockhlain en parlait, Hope risquerait de casser quelque chose. Tiens et une petite glace aussi..

Hope avança à une allure rythmée et sûre d’elle. Elle essayait de se préparer mentalement à son petit discours mais elle n’y arriva pas et elle allait répondre au tac au tac. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que Kimberly voulait que la dernière chose soit de la voir, elle. Hope Daarling. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que Kimberly ne l’appréciait pas tellement. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que cet après-midi allait être tendu mais peut-être seront-elles amies ?

- Ohhh ! Mais quelle bonne surprise en ce temps Londonien ! Kimberly Key Lockhlain ! dit Hope en détachant chaque syllabe. Cela faisait un air bizarre mais Hope avait l’air tout sauf stressée.

Méfiez-vous des apparences.
Hope alla voir le serveur et commanda une glace menthe-chocolat. Celle de Kimberly était remplie d’amandes et Hope n’aimait pas cela, elle ne dit rien sur la tenue vestimentaire de Kimberly de peur de croire qu’elle lui fait une réflexion désagréable. Hope pinça les lèvres pendant un moment. Jusqu’à ce que le serveur qu’elle n’aimait pas dès le départ, lui serve sa glace dans un cornet mou qui avait l’air sur le point de casser en deux, Hope ne dit rien. Elle regardait Kimberly comme une enfant regarde une personne plus grande qu’elle, fascinée. Sous ses lunettes de soleil mouches, Hope imaginait ses yeux verts en amande.

- Puis-je venir à votre table ? Nous nous sommes toujours parlées niveau professionnellement mais là c’est privé..

Hope était debout. Juste devant la table de Kimberly. Devant cette dernière. Sous le parapluie. Ses cheveux roux lui chatouillant le cou et son sourire de gentille sur son visage. Peut-être était-ce une mélodie en fond mais la simple pensée de rester avec Kimberly cet après-midi allait être intéressant. Peut-être qu’Hope ne savait pas que Kimberly ne l’aimait pas mais Kimberly ne savait encore moins qu’Hope ne pouvait la sentir.

Oui, cela allait être un après-midi fabuleux.

.. mais des personnes viennent vous l’enrichir. Chaque jour. »

» when the rain begins to fall. pv Laureline, Aaron