Laissez-moi m'échapper juste une minute - PV

C'est drôle, quand même. La manière dont la vie nous prend, nous manipule, nous balance, nous jette par terre. Nous relève, recommence à s'amuser. Et c'est reparti, qui est partant pour un deuxième tour de manège infernal ? Et la faute à qui, d'abord ? La nôtre ? Oui, sans doute, avant tout. Celle des autres aussi, de tous les autres. On ne peut faire confiance à personne. A part nous et les autres, il n'y a rien sur Terre. Alors... ?
Kimberly leva son visage pâle vers le soleil tout aussi pâle. Elle avait l'impression de tout voir sans contrastes, ton sur ton. Froide journée d'hiver, pas de couleurs, aucun intérêt. Toujours ce sentiment, cette intuition fragile, vacillante, de n'être qu'une marionnette. Qu'un objet. Qui s'amusait avec elle ainsi ? A quoi cela rimait-il de faire souffrir les gens pour leur faire des cadeaux ensuite ? Juste pour qu'ils croient qu'ils sont heureux, et pour qu'ils ne quittent pas le ring avant le round suivant. La jeune femme, vêtue d'une robe d'un blanc immaculé, marchait, tête baissée, dans les rues animées de Pré-au-Lard. Il y avait partout des gamins, des adolescents boutonneux et qui se croyaient déjà des adultes, des commerçants avec un sourire jusqu'aux oreilles parce qu'on était samedi et que, le samedi, ils faisaient une recette phénoménale. La neige était partout, partout, et c'était pour ça qu'on voyait seulement un paysage sans couleurs. Quand, quand pour la dernière fois était-elle venue ici ? De quelle époque obscure datait l'instant où elle avait posé les pieds dans cette ruelle pavée, sans savoir que plusieurs années plus tard, elle foulerait à nouveau ses propres pas ? Pré-au-Lard. La joie de sortir de cette cage que devenait Poudlard, l'euphorie d'un après-midi sans aucun cours. Et ils avaient tous l'air heureux, autour, et une sorte de mélancolie rêveuse se mêlait à l'odeur sucrée qui émanait de chez Honeydukes, là, juste à droite, dans l'esprit un peu engourdi de la jeune femme qui ne regardait plus ses pieds mais le monde dans les yeux. Elle n'était pas triste, en réalité, elle avait un peu le blues, et elle aurait voulu s'évader d'elle-même. Simplement.

Il neigeait, maintenant. Déjà, la jeune Langue-de-Plomb avait des flocons dans ses cheveux - longs cheveux blond-roux, qui étaient particulièrement mis en valeur par la lumière du soleil et flottaient au gré du vent, léger mais glacial. Elle avait toujours ce même regard, pétillant mais un peu en retrait, comme dans son propre monde. Comme perdue dans des pensées que les étrangers ne pourraient même pas deviner. Elle eut soif soudain, une soif du tonnerre. Justement, elle était en train de passer devant les Trois Balais. Sans plus tergiverser, Kimberly poussa la lourde porte de bois du pub bondé.

Houuu. Ce n'était pas vraiment la même ambiance. La salle était bourrée à craquer, aucune place. Ah, si, peut-être là-bas, au fond... Oui. Elle pourrait s'asseoir. Il faisait une chaleur du tonnerre, dans ce truc. La jeune femme réussit à se faufiler jusqu'au bar, sur lequel deux étudiants s'amusaient à se défier en un pathétique bras de fer pour épater les filles. Une voix tira Kimberly de sa rêverie amusée.

- Barman - "Oui ?"
- Key - "Oh. Excusez-moi. Une Biéraubeurre, s'il vous plaît."
- Barman - "Tout d'suite, ma p'tite dame."

Sourire. De la part du barman. Mine exaspérée de la part de la jeune femme. "Ma p'tite dame"... n'importe quoi. Elle jeta quelques Mornilles sur le comptoir, et attrapa la choppe que lui tendait l'ahuri. Elle fit quelques pas en direction de la table libre, laquelle d'ailleurs, si on ne se dépêchait pas un peu, ne le resterait pas éternellement.

- Barman - "Hé, ma p'tite dame ! Vot'monnaie !"

Kimberly leva les yeux au ciel. Puis lâcha par-dessus son épaule, d'une voix qui trahissait son exaspération :

- Key - "Gardez tout !"
- Barman - "Au plaisir !"

Elle fut secouée d'un petit rire silencieux. C'était ironique, cette dernière phrase ? Si ça se trouvait, le bonhomme était moins con qu'elle ne le pensait. Elle s'installa, posa sa choppe avec un petit soupir, et se laissa tomber sur la chaise de bois brut. Une espèce de musique irlandaise peinait à percer le vacarme ambiant, évoquant à la fois une stupide danse de lutins dans la lande, des hommes en kilt, des moutons devant un château hanté. Ca y était. Kimberly était repartie dans sa vague rêverie.

Ce matin la Shylo c’était réveillée d’une humeur plutôt étrange…partagée entre la joie de sortir enfin du château et la crainte de l’avant goût d’une liberté qui lui serait bien rapidement enlevée. Elle écarta les rideaux de son lit et poussa un profond soupir tout en se dirigeant vers la fenêtre…La salle commune et les dortoirs des Serdaigle se trouvaient tout en haut d’une tour et la vue qui s’étendait sous les fenêtres était des plus envoûtante…La neige tombait sur le parc et la cime des arbres de la foret interdite étaient couverts de neige…étendue infinie d’une pureté qui cache le plus sombre de ce monde…Illusion.

Shylo poussa un nouveau soupir…les autres jeunes filles du dortoir s’agitaient doucement dans leurs lits douillets et elle se dirigea vers ses vêtements…les enfilas…et quitta le dortoir d’un pas de loup…Elle se dirigea vers les cuisines et fourra dans ces poches quelques gâteaux…Patiemment elle attendit que les heures passent et lorsque l’agitation se fit sentir dans le château elle prit la route du hall d’entrée et s’engouffra dans la masse d’élèves qui chahutaient gaiement…Shylo leva les yeux au ciel en entendant un groupe de jeune filles glousser comme des oies…

Une fois la grille passée, Shylo regarda tout autour d’elle…Première visite à Pré au lard et aucune envie d’aller se fourrer dans les magasins…et puis avec les poches presque vides on achète pas grands chose…Elle bifurqua sur la gauche et avança dans une rue moins bondée…Elle remonta la capuche de sa cape sur ces cheveux et d’un geste presque instinctif elle prit dans sa poche la petite statuette africaine qu’elle ne quittait pas…La petite statue était étrange, plutôt laide et abîmée mais elle rappelait à Shylo ce que c’était d’être sur les routes du monde entier avec ces parents…Liberté.

Elle serra le poing … Ca oui elle était en colère. Ils s’étaient débarrassés d’elle bien trop facilement et ils continuaient sûrement leurs occupations passionnante pendant qu’elle était coincée la. Perdue dans ces pensées la jeune fille ne faisait plus vraiment attention a ou elle allait…De plein fouet elle heurta le groupe de jeune fille qui avançait toujours en gloussant…Shylo se retrouva par terre sans que les jeunes filles ne se préoccupent d’elle un instant…

Bande de...grrrr

Elles étaient deja partie…les bouffonnes…Shylo poussa sur ses mains pour se relever et au même instant un vent de panique la saisi…La statue…elle a du tomber et avec toutes ces dindes qui ont marché la…Sans y réfléchir Shylo se mit a quatre pattes et commença a fouiller avec vigueur dans la neige …Les gens qui passaient sur les cotés de manquaient pas de lui adressait des regards perplexe et réprobateurs mais elle n’en avait que faire…elle devait la retrouver. Au bout de 15 minutes elle commençait à ne plus sentir ces doigts et des larmes de fureur naissaient aux coins de ses yeux. On allait quand même pas tout lui prendre ?

Dix minutes plus tard elle mit enfin la main sur la statue et avec un air victorieux elle la refourra dans sa poche…Ses doigts étaient rouges vifs, sales et commençaient à saigner aux articulations…Sa cape était entièrement trempée et le froid vif lui brûlait la peau. Elle leva la tête et aperçu l’enseigne d’un pub, elle appuya sur sa poche pour être bien sur de ne pas avoir perdu le peu d’argent qu’elle avait emporté. Sans prendre la peine de se rendre plus présentable elle poussa la porte du pub…la mine rouge…les cheveux en batailles elle prit le chemin du bar.

Le pub était bondé et malgré la difficulté elle se fraya un chemin et commanda une bièraubeurre. Shylo jeta un regard sur la salle…elle aurait bien aimé pouvoir s’asseoir. Apres quelques minutes son regard se posa sur une table seulement occupée par une jeune femme. La jeune Serdaigle ne se préoccupait que peu des convenances, elle n’avait pas reçu d’éducation en cette matière…après tout quand on voyage les convenances sont différentes partout. D’un pas décidé elle se dirigea vers la table et sans même prendre la peine de demander elle se posa sur la chaise d’en face, et tapa la bouteille sur la table…

C’est la seule place…je peux ?

Elle se fichait un peu de la réponse …la jeune femme semblait perdue dans ses pensées et Shylo se doutait Qu’elle devait déranger…elle saisi la bouteille entre ses doigts rouges et ensanglanté et elle but une large gorgée du liquide tiède. Maintenant qu’elle étaient sûreté elle ressorti l’étrange statuette et elle recommença à la caresser des ses doigts meurtris.

(hj: sorry pr le retard petits contretemps )

Kimberly porta une fois de plus la choppe à ses lèvres. Rien. Sécheresse totale. C'était pourtant une bonne dose. Elle leva les yeux vers le barman, qui, comme tout barman qui se respecte, était en train d'essuyer un verre avec un torchon cradingue et de faire la conversation à un pauvre clochard aux airs vaguement frauduleux. La jeune femme resta un instant à les fixer, les yeux dans le vague, la choppe en l'air, et finit par croiser, de ses iris d'un vert magnifique, ceux, noirs et minuscules, du bonhomme derrière son comptoir. Elle montra sa Biéraubeurre, puis leva deux doigts, histoire de lui faire comprendre qu'elle était à sec. L'autre, interloqué, l'observa un instant, d'une manière à la fois très profonde et expressive qui semblait vouloir dire : "Qué qu'em'veut, celle-là ?". Avec un soupir, Kimberly se leva, marcha vers le comptoir. Posa sa choppe vide.

- Key - "Une autre, s'il vous plaît."
- Barman - "Tout d'suite, mad'moiselle."

Ah, quand même. La Langue-de-Plomb lui adressa un demi-étirement de lèvre qui devait vaguement ressembler à un sourire, histoire de lui faire comprendre qu'elle préférait "mademoiselle" à "ma p'tite dame". Elle n'avait pas l'air si vieille ?! Bref. Le plein fait, elle retourna s'asseoir et recommença à boire. Elle avait un peu chaud, déjà, mais, au fond, ce n'était pas bien fort. De nouveau perdue dans ses pensées, son oeil fut attiré par une jeune fille, du genre pas commode, qui traversait la salle avec une expression à la fois tragique et passablement énervée. Celle-ci s'arrêta devant la table de Kimberly, et demanda si elle pouvait s'asseoir alors qu'elle avait déjà une fesse sur la chaise d'en face. Elle était pleine de neige, et ses doigts, d'un rouge violacé, gonflés, attirèrent l'attention de l'ancienne Bleu et Argent. Ces mêmes doigts sortirent rapidement une statuette de type africain de l'intérieur de sa cape maculée de glace qui commençait à peine à fondre. La pauvre gamine devait être gelée. Elle caressait jalousement son bien, comme s'il s'était agi d'une quelconque relique ancienne valant des mille et des cents. Kimberly détaillait les vêtements de son interlocutrice - un bien grand mot pour la circonstance - et remarqua qu'elle portait l'insigne de Serdaigle. Sourire. Cette mine effarouchée, un peu sournoise, mais ce regard qui paraissait tellement en quête de... quelque chose. De soi, peut-être. Tout cela, la jeune femme s'y reconnaissait tout en ne s'y reconnaissant pas. Chaque être est différent, mais ce sont leurs points communs qui les relient. Petit sourire nostalgique encore. Poudlard...

La Langue-de-Plomb arrêta un instant de fixer l'adolescente. Elle s'ennuyait, après tout, et l'autre avait l'air d'avoir besoin de réconfort, mais elle ne l'accepterait peut-être pas. Enfin. De toute façon, pas question de tenter une approche directe. Elle ouvrit prudemment la bouche :

- Key - "Je t'en paye une autre ?"

Elle accompagna ces mots d'un vague signe de menton en direction de la bouteille vide. La Serdaigle allait refuser, mais elle insisterait. Quand il s'agit de soigner une sale humeur, on aimerait bien, parfois, mettre sa fierté au placard. Si seulement...

Smile. Elle n'avait pas l'air si farouche que ça. Cela dit, Kimberly souriait dans le vide puisqu'il n'existait positivement aucune chance - aucune - pour que le moindre étirement de lèvres ne lui soit rendu. Enfin. Que voulez-vous, les jeunes d'aujourd'hui sont si malpolis. Cette pensée avait effleuré de près son cerveau un peu embrumé par l'alcool, juste assez insistemment pour lui permettre de se rendre compte qu'elle pensait comme une vieille. Les mots, les sentiments qui lui venaient à l'esprit tandis qu'elle regardait la gamine en face d'elle étaient entre autres "arrogance" et "irrespect". Elle avait soudain l'impression de lire dans les pensées de sa grand-mère, d'autant qu'elle-même n'avait pas toujours été un ange. Pfiou. Son propre manque d'ouverture d'esprit et de compréhension en cet instant si particulier et pourtant semblable aux autres la dégoûtait. Elle aurait voulu redevenir une gamine, jouer avec sa soeur et se blottir sur les genoux de maman. Elle l'avait bien compris dès ce maudit jour, celui qui avait changé sa vie, celui où elle avait pour la première fois vu l'innocence incarnée assassinée, le monde n'était pas un vaste champ de rires et de sucettes à la fraise. Pas le sien, du moins. Si on trouvait que l'adolescence était une période difficile - elle était en tous cas ainsi communément qualifiée - c'est simplement parce qu'elle coïncidait avec une prise de conscience, la perte partielle de la naïveté que l'on ne retrouverait jamais. Et les choses ne s'arrangeaient pas lorsqu'on était adulte. Il s'agissait seulement d'une sorte de banalisation des choses les plus horribles, la simple certitude qu'on ne pouvait rien changer et qu'un comportement utopiste était dérisoire. Kimberly radotait, elle le savait, mais elle savait aussi qu'elle avait raison. Et, les yeux dans le vague, elle songeait avec mélancolie que l'adolescente qui se tenait devant elle lui était au fond semblable. L'arrogance et l'orgueil démesuré n'étaient pas des solutions face à la réalité. il n'y en avait aucune.

- Key - "Poudlard ? Je connais, oui, bien sûr. J'étais aussi à Serdaigle."

Elle réfléchit un instant, se demandant si elle pouvait s'engager plus loin. Oui, sans aucun doute. Si cette... tiens, elle ne connaissait pas son nom, au fait, si cette jeune fille ne voulait pas répondre, elle ne le ferai pas. Point. La Langue-de-Plomb reprit la parole.

- Key - "Je n'ai jamais eu l'impression d'être dans un asile de fous. A vrai dire, comparé au reste... C'est un doux paradis. Mais je connais mal la nouvelle directrice. J'ai entendu dire qu'elle s'appelait Lys Shakespeare. Quelque chose comme ça."

Kimberly s'interrompit, but une gorgée de plus qui répandit instantanément une sensation de chaleur dans son ventre. Elle commençait à se sentir bien, dans ce bar, malgré la stupide musique et le vacarme ambiant. Regard par la fenêtre à demi embuée. Pour ce qu'elle pouvait apercevoir, la neige semblait tomber de plus belle, tourbillonant sans fin à la manière de paillons immaculés. Voilà, c'était cela. Ils étendaient leurs ailes blanches petit à petit pour enfin recouvrir tout le paysage de la lumière qui émanait de leur pureté incontestable. La beauté à l'état pur. La jeune femme avait toujours aimé la neige. Elle vait toujours admiré ces choses qui savaient se tourner définitivement vers un seul camp pour ne jamais en bouger. Qui choisissait par profonde conviction le Blanc - ou, parfois, le Noir. Soupir.

(HS: no prob c'ets très bien ;) )

On aurait très bien pu croire que la jeune Shylo était seule à table…Elle restait la plupart du temps les yeux dans le vide ou fixer sur la statuette…elle ne levait le regard que lorsque la jeune femme lui adressait la parole. Elle buvait rapidement pour se réchauffer et tout simplement parce qu’elle aimait ça…Son regard se posa sur la fenêtre au delà de laquelle la neige tombait à gros flocons…Just go …far …far away…Leave all this to yesterday…Elle poussa un profond soupir mais son attention fut bien vite redirigée vers la jeune femme qui venait de lui répondre…

Alors comme ça tu étais aussi à Serdaigle…je dois avouer que je ne comprends toujours pas trop ce principe de maisons…je comprends pas trop pourquoi Serdaigle et pas ailleurs…

Elle haussa les yeux au ciel…

Pourquoi on t’il besoin de nous classer dans des catégories ?

Elle but une nouvelle gorgée et d’un air distrait elle arracha une petite peau à un de ses doigts meurtris. Cette école c’est vraiment une vaste blague…un endroit parfais pour se débarrasser de ses gosses …Grrrr c’est bien trop facile….Too many secrets….Shylo releva les yeux vers la jeune femme qui avait recommencé à parler…Shylo émit un petit rire discret…Décidément personne ne semblait comprendre pourquoi elle détestait le fait de se retrouver la …D’une voix étrange elle répondit…

Le paradis n’existe pas…et s’il devait existait il serais simplement la liberté …ici je n’ai aucune liberté…je suis juste coincée dans ce village perdu d’Angleterre alors qu’avant je pouvais voir le monde…sans contraintes…

Le regard dans le vide et la mine furieuse elle ajouta

J’ai du devenir trop encombrantes…ces gros lourd mon simplement laissée ici pour continuer sans moi.

Elle serra le poing et se mordit la lèvre…I’m just a freak…Shylo soupira ; elle avait bien souvent tendance a trop s’emporter, surtout si on la lançait sur ce sujet la…elle bu une autre gorgée…


Ouais c’est ça Lys Shakespeare…Je l’aie aperçue quelques fois…y’a rien de spécial a en dire je crois…C’était pas elle la directrice quand tu était a Poudlard ?

Shylo ne connaissait pas grande chose du monde de la sorcellerie en Angleterre…Après tout elle n’y avait vécu qu’une petite partie de sa vie. Elle bu encore une gorgée puis elle rebaissa les yeux sur sa petite statue.

Classer dans des catégories ? Sur ce point, elles étaient d'accord. Durant sa scolarité à Poudlard, Kimberly avait toujours trouvé cette pratique un peu stupide. Mais puisqu'il était impossible d'y déroger, hein... Mais même si un fond de vérité tapissait cette habitude de ranger dans des cases bien carrées, chacun était différent des autres, et il aurait fallu autant de Maisons que d'élèves. C'était le genre de tradition ancestrale à l'école de Magie qu'il était impossible de changer, même avec de la volonté. Soupir lassé. La jeune femme avait le regard perdu dans les méandres liquides de sa choppe à laquelle elle intimait un mouvement circulaire. Lent. Cet après-midi, elle s'ennuyait vraiment à mourir, et voilà qu'elle était aux Trois Balais - endroit dans lequel elle n'aurait jamais imaginé remettre les pieds un jour - avec une gamine. Et elles buvaient comme des trous. Elle arracha ses yeux à la contemplation stupide de sa Biéraubeurre et laissa errer ses iris vert sombre sur l'ensemble de la salle. Des étudiants, surtout, quelques adultes aussi. Il faisait une chaleur infernale, à peine coupée par la porte d'entrée qui s'ouvrait et se refermait de temps en temps. Le brouhaha des conversations couvrait tout, même les cris de cette vieille femme hystérique qui tentait de faire comprendre au barman qu'elle souhaitait un Whisky Pur Feu. Hmm. Ah, oui ! Elle l'avait déjà vue, celle-ci. Avec ses cheveux verts, impossible de la louper. Mais il semblait à la Langue-de-Plomb que l'imposante crinière avait doublé de volume et que l'âge avait creusé dans ses joues sales des sillons encore plus profonds qu'auparavant. Ses yeux semblaient délavés, presque blancs, effrayants.

- Flash-Back -

Key - "Et toi, tu bois quoi ? Ouh-ouh. Se' ?"
Serena - "Oh, excuse-moi. Ce sera une Biéraubeurre pour moi."
Key - "Pareil. Et..."
David - "J'prendrai un Whisky Pur Feu."

Kimberly faillit éclater de rire à cette simple phrase. Un sourire dément qui témoignait d'une hilarité contenue sur le visage, la troisième année se retourna vers son petit ami. Il n'avait même pas fini de muer, la dégaine d'un gamin, et voilà qu'il croyait qu'il allait pouvoir boire un Whisky Pur Feu.

Barman - "J'vous apporte ça !"

Dès qu'il eut tourné les talons, les trois jeunes gens furent pris d'un fou rire incontrôlable. Alors, ça avait vraiment marché ?! Eh oui, l'homme revint aussitôt avec les commandes de ces messieurs-dames. Ouaouh. En plus, il avait une telle carrure qu'on se demandait comment il faisait pour passer la poste tous les jours sans casser le mur. C'est alors que s'approcha une femme. Vieille, très vieille sans doute, avec une imposante chevelure vert bouteille - un peu comme les yeux de Kimberly. Des cernes énormes et violacés soulignaient un regard fatigué aux iris bleu pâle, quasiment incolore, et à la limite du film d'horreur. Tandis que les étudiants frissonaient d'étonnement et - il fallait bien l'avouer - de dégoût, l'armoire à glace surgit de derrière son comptoir et reconduisit l'apparition jusqu'à la ruelle dans laquelle se trouvait la façade des Trois Balais. Tout en la berçant de paroles inaudibles mais qui paraissaient réconfortantes. La jeune Serdaigle tourna la tête vers la fenêtre. Et croisa à nouveau ce regard qui scrutait l'intérieur de la salle.

- Fin du Flash-Back -

Si bien que la jeune femme n'avait quasiment pas suivi ce que lui racontait son interlocutrice. Elle parvint seulement à recontruire sa dernière phrase.

Key - "Hum. Non, non, ce n'était pas elle la directrice, je crois bien que je suis plus vieille qu'elle. Enfin, on a peut-être le même âge."

Silence.

Key - "Au fait. Tu t'appelles comment ?"